Zamostje II
Les derniers chasseur-pêcheurs de la plaine russe
Le Musée du Malgré-Tout de Treignes, le Musée d'Art et d'Histoire de Serguiev Possad (Zagorsk, Russie) et le Service Archéologique Cantonal de Fribourg se sont associés pour présenter, en première mondiale, les extraordinaires découvertes archéologiques réalisées depuis 1989 sur le site de Zamostje, au nord-est de Moscou.
Occupé par un groupe de chasseurs-cueilleurs depuis le 8ème millénaire, le site de Zamostje est exceptionnel par sa séquence stratigraphique ininterrompue du Mésolithique à la fin du Néolithique, tout autant que par la collection d'objets intacts qu'il a livrée grâce à l'humidité du lieu. Il s'agit d'un site de référence unique pour la Russie, et même pour toute l'Europe nordique et orientale.
A l'époque préhistorique, le site de Zamostje se trouvait en zone de forêt, au bord d'un lac dont la rive a maintenant reculé de plus de 2 km, suite à un assèchement naturel progressif du milieu. L'activité principale était sans aucun doute la pêche, qui a déterminé durant plusieurs milliers d'années le mode de vie des populations préhistoriques de l'endroit. Flotteurs en écorce, outils à écailler le poisson, fabriqués sur omoplates et côtes d'élans, hameçons et harpons en os (près de 250 pièces d'une variété extraordinaire) ont été retrouvés dans tous les niveaux fouillés.
Il y a donc eu continuité des traditions sur le site de Zamostje pendant prês de 5000 ans. La découverte la plus spectaculaire est celle de deux nasses contenant plusieurs squelettes entiers de poissons pris au piège, parfaitement conservés.
La chasse est également un aspect économique bien représenté à Zamostje. On compte près de 200 pointes de flèches et de lance en os, de formes très variées. Les plus grandes pointes de projectiles, à une ou deux barbelures, pouvaient être utilisées pour la chasse à l'élan, dont les ossements sont très abondants sur le site.
Le site a livré un matériel parfois inédit, qui ne présente souvent aucune comparaison avec les collections connues jusqu'ici. Il est possible, sur la base de cette collection unique au monde, d'étudier sous un jour nouveau les origines et l'évolution des techniques de pêche et de chasse pendant la Préhistoire.
On mentionnera aussi les nombreux andouillers rainurés sur un côté pour y placer des éclats de silex. De remarquables couteaux sont encore parfaitement emmanchés, avec la colle de bouleau qui a servi à fixer les silex et l'écorce de bouleau enrobant la poignée pour améliorer le confort de la préhension. Ces outils sont d'une fraîcheur remarquable, pratiquement dans l'état où ils ont été abandonnés il y a 8000 ou 9000 ans ! Cet ensemble est complété par des objets en bois, particulièrement rares, et par une très belle série d'oeuvres d'art en pierre et en os, montrant notamment des têtes d'élan et des canards sculptés.
Grâce à l'exposition, les visiteurs ont pu découvrir l'ensemble de ces objets et percevoir le mode de vie des chasseurs-pêcheurs préhistoriques de la plaine russe.